Médusée et pétrifiée

Publié le 5 Septembre 2019

Ile Lavezzi, attention dans l'eau bleue se cache une dangereuse méduse
Ile Lavezzi, attention dans l'eau bleue se cache une dangereuse méduse
Ile Lavezzi, attention dans l'eau bleue se cache une dangereuse méduse
Ile Lavezzi, attention dans l'eau bleue se cache une dangereuse méduse
Ile Lavezzi, attention dans l'eau bleue se cache une dangereuse méduse

Ile Lavezzi, attention dans l'eau bleue se cache une dangereuse méduse

En juin dernier, passé une semaine en Corse du Sud, avec gentil mari retrouvé (hi hi), dans un mobile home du genre pourquoi on n'habite pas tout le temps là bas. Soleil, farniente, paysages somptueux, embouteillages (même pas, on est en juin et les touristes ne sont pas encore arrivés, et pas plus le reste de l'été, se plaindront les commerçants). 

Donc tout va bien, alors qu'il fait froid à Paris, ici on passe notre temps en short et maillot. Tout va bien ? Pas tout à fait. Mari Didi a très mal aux reins et va aux urgences à la clinique de Port-Vecchio. Son vieux calcul fait des siennes, dérangé remué qu'il a été lors de nos petites balades grimpettes dans le maquis, vers une cascade et un site archéologique. Rien de bien haut pour autant, mais nos deux poids des ans réunis, et frites en plus, nous ont bien fait ahaner. Sur matelas ? noon... la faute à ce calcul mal calculé, et à une vilaine piqûre de méduse que je me complais à montrer ici, au risque de me faire bien voir du moteur de recherche Google. Cherchez-en, des photos de piqûres de méduse comme ça, y'en a aucune sur le web.

D'ailleurs, était-ce bien une méduse ? Je crois bien que si, ou bien une vilaine murène, mais alors j'aurais un gros trou dans la cuisse, non ? En ai bien aperçue une, de méduse, jolie petite et mauve, bien visible dans l'eau transparente autour du bateau de promenade à la journée sur lequel nous avions embarqué pour longer la côte jusqu'aux Bouches de Bonifacio, avec escale aux îles Lavezzi. Ah, les Lavezzi ! Ces îlots pelés et granitiques, étalés sous un soleil de plomb, au milieu d'une mer turquoise, avec les montagnes de la Sardaigne à quelques kilomètre en arrière-plan. Le paradis de la baigneuse (plus que nageuse, baignassotte) compulsive que je suis, à peine arrivée sur l'île me suis précipitée sur un joli coin de plage (superbe où qu'on pose le regard), non loin du petit cimetière marin des officiers naufragés de la Sémillante (XIXe siècle). Las, ce fut quasi un naufrage pour moi aussi, heureusement avec des conséquences moins funestes.

A peine avais-je commencé à nager dans un mètre d'eau, tout près du sable, réjouie comme jamais de cette transparence inouïe de l'eau, d'une température un brin frisquette compensée par sa couleur d'un cyan quasi fluorescent, je ressentis soudain comme un coup de fouet, une brûlure intense sur la face interne de ma cuisse gauche, juste au dessus du genou. Mierda, la méduse ! Douleur bien connue, ressentie pour la quatrième fois en quinze ans, toujours en Méditerranée (auparavant : Antibes, La Ciotat, Villefranche-sur-Mer). En Corse-du-Sud, à deux pas de la villa même pas cachée de l'île de Cavallo, chapelet des Lavezzi itou, de ma déesse Caroline de Monaco, des méduses aussi ? Mais j'en avais bien vu près du bateau, fallait pas y aller ! Comment s'empêcher toutefois d'aller se baigner dans des eaux édéniques pareilles ?

Je me remets sur mes deux pieds et me transforme en flamand rose pour observer les dégâts. Comme d'hab, on ne voit rien, à peine une petite roseur. N'empêche, je sors de l'eau, la méduse et ses copines y sont toujours, et une dame à quelques mètres vient de glapir qu'elle a été piquée ! La situation est grave, mais moi je n'ai même pas crié, qu'est ce que c'est que cette chochotte ? Sur le même bateau que moi, et voisine de siège, j'échangerai quelques mots avec cette dadame un peu mémère, jamais piquée de sa vie auparavant, qui en fait tout un sparadrap et fait savoir à tout le monde ce qui lui est arrivé (c'est pas moi qui irais clamer urbi et orbi ma médusade et montrer mes cuisses à tout le monde, pas mon genre hi hi !). Discrétos, j'irais juste me faire mettre de la pommade auprès des gens du bateau compatissants, qui savent ce que c'est.

Auparavant, sortie de l'eau, je me suis souvenue de ce remède naturel de se faire pipi dessus. Facile, dans l'eau je suis en cystite permanente, je me réchauffe toute seule l'eau autour. Un mince filet d'urine plus tard sur la blessure, déjà frottée avec du sable, je suis contente de moi et me dis que j'ai traité comme il le faut cette putain de piqûre, que je sais y faire, et puis les méduses ça me connait. Je pars avec Mari Didi qui lui ne veut pas se baigner non plus, fort de ma mésaventure, faire le tour à pied de l'île, vite fait mais juste magnifique, et pas question de retourner dans cette eau là.

Je n'ai pas mal du tout, ça picote un peu rien de méchant, je n'y pense presque plus. Vingt minutes après avoir repris la mer, le bateau s'arrête à nouveau mais cette fois reste en pleine mer, au bord d'un îlot désert, et propose aux passagers pour ceux qui veulent d'aller nager. J'adore ça, avec une demi-douzaine d'autres baigneurs je fais ma courageuse et me jette à l'eau, il y a plusieurs mètres sous la surface. Jamais eu peur de nager là où je n'ai pas pied, s'il n'y a pas de vagues. Je n'y reste que cinq minutes, le temps de voir qu'un petit courant nous éloigne du bateau et qu'il est temps de remonter, d'ailleurs de ce côté du bateau on est à l'ombre ça fait un tout petit peu plus peur, et puis je repense à ma méduse, si je me faisais repiquer ça ne serait pas malin.

Tout ça se passait un jeudi après-midi, nous repartions de Corse le samedi d'après. Le vendredi matin je ne me sentais pas super bien, j'ai dormi à la plage du camping de Golfo di Sogno, me suis à peine trempouillée dans l'eau, et vote en ville avant de tomber en catalepsie. En pharmacie j'achète la même crème qu'hier sur le bateau, de l'Osmosoft contre les coups de soleil. L'après-midi et le soir tout s'empire, cicatrice bien visible, composée de petites pustules transparentes grossissant à l'oeil nu. Je n'ai fait que dormir sur la terrasse, pas sortie du mobile home et c'est la dernière journée de vacances... J'ai dû aggraver encore mon cas en restant macérer une heure dans la piscine du camping et son jacuzzi bouillonnant (très bien, le jacuzzi à part ça), pensant que l'eau chlorée me désinfecterait. Puis fait tant bien que malles bagages et ménage, en mettant des cotons (tenus avec du scotch !) sur la cicatrice dont du pus commençait à cascader. Avec Didi qui se tordait de douleur de son calcul, on n'était pas frais.

Samedi jusqu'à 17 h, avant de prendre la route en direction de Bastia, avons loué des transats sur la belle plage de Cala Rossa et je me suis bien baignée, cachant ma cicatrice faite désormais d'excroissances purulentes et disgracieuses. Personne n'y a fait attention, pas la foule sur les plages. Je posai des regards envieux sur les jambes lisses des femmes sur la plage, reviendrais-je comme ça un jour ? En tout cas n'ai pas eu peur de me rebaigner, pris le risque (inconsciente créature) de rencontrer d'autres méduses, il n'aurait plus manqué que ça. Mais avant de retourner dans le grand bain de Paris, je n'allais pas me priver de mes baignades adorées, fuck you les méduses.

Allez zou, filons dans le dégueulasse, photos bien répugnantes ci-dessous, c'est du lourd. Car me pisser dessus n'était pas du tout une bonne idée. Sur les forums internet on lit tout et son contraire, mais il apparaîtrait que ce remède de bonne femme envenimerait plutôt les choses. Dans mon propre cas, je me suis sans doute surinfectée, surtout que faute de désinfectant j'ai cru bon de recommencer dans la nuit en me tapotant délicatement la zone piquée avec un coton imbibé de  pipi. Je n'ai désinfecté avec du vrai désinfectant en fait ma blessure que deux jours après, en passant dans une 2e pharmacie sur la route du retour.

D'où cette affreuse cicatrice médusée, que j'ai traînée deux semaines, qui m'a valu un jour d'arrêt maladie, et qui maintenant plus de deux mois après a disparu complètement, reste juste une zone de peau trop marron, car j'ai oublié au soleil dans les vacances d'été qui ont suivi de passer dessus de la crème solaire... Tout est  rentré dans l'ordre, plus de cloques ni de pustules ni de bubons purulents, c'est de la vraie peau bien plate et saine, faudrait montrer une photo, avant/après. Enfin, deux ans après, trace plus blanche. (Mais quelle honte ma pauvre fille de faire chier tout le monde avec tes bobos, il y a pire tellement).

Enfin, dire que le généraliste consulté voulait m'envoyer sous le bistouri d'un dermato pour m'enlever ces vilaines excroissances ! Quelques pilules de Prednisolone (?) et de pommade Diprosone plus tard, corticoïdes en application ou par voix orale (qui m'a drôlement décontracté la mienne, euphorique et bien speed à la fois j'étais, logorrhéique sous la cortisone !), le pus qui dégoulinait le long de ma jambe (et tachait tout, coussins de restaurant et transats de plage chic aussi bien) n'est plus qu'un lointain souvenir ! Par contre, j'éviterais d'aller en Australie, là bas les méduses font deux mètres et sont souvent mortelles, à Bali aussi s'il m'en prenait l'envie !

Souvenir de mes précédentes piqûres, rien à voir avec ce qui m'est arrivé là. Avais été piquée sur l'avant bras, sur la jambe et sur le visage (oreille-cou) : tout ça en trois fois heureusement. Pas des surfaces énormes, mais qui m'avaient infiniment démangé, bien plus que cette dernière, qui ne me faisait pas mal du tout, hormis la sensation de fièvre et malaise des 2 premiers jours. Autrefois, c'était resté rouge longtemps, puis marronnasse et croûteux, mais jamais de pus ni de cloques comme cette fois. Mais grattage compulsif, je frottais mon avant bras contre toute surface pour ressentir du soulagement, même trois mois après.

Ici, cette dégueulassité purulente qui m'a maculé la cuisse aura été finalement moins méchante que la piqûre survenue à La Ciotat dans la calanque du Mugel. Je faisais alors du masque et du tuba, et je me suis sentie soudain une énorme gifle dans la figure. Relevée aussitôt (c'est qu'il faudrait pas être trop loin dans la mer quand ça vous arrive, hum), je constatais de retour sur le sable que j'étais touchée de l'oreille jusqu'au cou, en passant par la joue. Consultation médicale, antibios, et surtout l'oreille dure gonflée et insensible comme un bout de carton, du pus sortant par le trou du perçage du lobe, pas pu porter de boucles d'oreilles pendant un mois.

Aparté. Dans une prose infiniment supérieure à la mienne, un ami facebook écrit ce post : " Ici (au Maroc), la belle saison commence, le vent qui soufflait depuis trois mois retombe enfin. Pour la première fois de l’année la température de l’eau a passé la barre des 20°.
On s’en réjouit, se dit qu’on va pouvoir nager ; c’était sans compter sur une invasion de méduses. Des milliers de ces animaux gélatineux, de taille modeste (ce qui ne les rend pas pour autant inoffensives, loin s’en faut) ont envahi des kilomètres de plage à .... Ces prédatrices paralysent leurs proies grâce à leurs cnidocytes. Certaines appartenant à la classe des Cubozoa peuvent être mortelles pour l'Homme. 😱

Je mettrai en commentaire un résumé de ce que j'écris ici : " Piquée cette année en Corse du Sud, petite méduse transparente irrepérable. Fin de séjour gâchée, fièvre et malaise dûs à la brûlure surinfectée. Antibios et cortisone. Tâche brune sur la cuisse depuis. A vous dégoûter de la baignade en Méditerranée."

 

J + 2, c'est horrible et ça me rend fiévreuse, au bord du malaise, endormie et assommée...
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J + 3, ça prend des proportions... De retour vers Bastia pour prendre le bateau, sur la grande route droite nationale qui longe la côte est, un pharmacien consterné ("je n'ai jamais vu ça !!") me vend du désinfectant, du clamoxyl et de la crème antibiotique. Nuit fébrile sur le ferry, somnolente avant en voiture, aucun goût d'aller sur le pont du ferry voir la Corse s'éloigner. Enlevez moi tout ça, ma jambe ausec !!
J + 3, ça prend des proportions... De retour vers Bastia pour prendre le bateau, sur la grande route droite nationale qui longe la côte est, un pharmacien consterné ("je n'ai jamais vu ça !!") me vend du désinfectant, du clamoxyl et de la crème antibiotique. Nuit fébrile sur le ferry, somnolente avant en voiture, aucun goût d'aller sur le pont du ferry voir la Corse s'éloigner. Enlevez moi tout ça, ma jambe ausec !!
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J + 3, ça prend des proportions... De retour vers Bastia pour prendre le bateau, sur la grande route droite nationale qui longe la côte est, un pharmacien consterné ("je n'ai jamais vu ça !!") me vend du désinfectant, du clamoxyl et de la crème antibiotique. Nuit fébrile sur le ferry, somnolente avant en voiture, aucun goût d'aller sur le pont du ferry voir la Corse s'éloigner. Enlevez moi tout ça, ma jambe ausec !!

J + 3, ça prend des proportions... De retour vers Bastia pour prendre le bateau, sur la grande route droite nationale qui longe la côte est, un pharmacien consterné ("je n'ai jamais vu ça !!") me vend du désinfectant, du clamoxyl et de la crème antibiotique. Nuit fébrile sur le ferry, somnolente avant en voiture, aucun goût d'aller sur le pont du ferry voir la Corse s'éloigner. Enlevez moi tout ça, ma jambe ausec !!

J + 4, ça croucroute et le pus jaunâtre s'écoule, c'est toujours aussi dégueu. Un généraliste sos médecins consulté à domicile me prescrit de la cortisone par voix orale et des méga antibiotiques.

J + 4, ça croucroute et le pus jaunâtre s'écoule, c'est toujours aussi dégueu. Un généraliste sos médecins consulté à domicile me prescrit de la cortisone par voix orale et des méga antibiotiques.

Jours suivants (ou avant, photos un peu mélangées), pas bien plus beau. Mais ça a finit par passer, ma peau est comme neuve, mais couleur café...
Jours suivants (ou avant, photos un peu mélangées), pas bien plus beau. Mais ça a finit par passer, ma peau est comme neuve, mais couleur café...
Jours suivants (ou avant, photos un peu mélangées), pas bien plus beau. Mais ça a finit par passer, ma peau est comme neuve, mais couleur café...

Jours suivants (ou avant, photos un peu mélangées), pas bien plus beau. Mais ça a finit par passer, ma peau est comme neuve, mais couleur café...

Bon je fais ma chochotte et ma dégoûtante, en exposant mes bobos ici. Histoire de garder une trace de ma mésaventure, ce petit témoignage boutonneux, et l'exposer sur la toile universelle et nombriliste. Mais j'ai un peu beaucoup honte de mon exhibitionnisme cutané et sous-marin. "Le lambeau" de Philippe Lançon, chouette lecture d'été, présente une blessure physique et morale d'autre importance. Je n'ai rien de défiguré, ni subi de mutilation. Les méduses sont plus inoffensives que les kalachnikovs. Stop, gorgôn. 

Rédigé par Gloubigoulba

Publié dans #douleurs multiples et avariées

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